Rétrospective Fahrelnissa Zeid – KunstHalle Deutsche Bank
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La KunstHalle Deutsche Bank met en lumière le travail de Fahrelnissa Zeid (1901, Istanbul – 1991, Amman), revalorisant ainsi son œuvre dans un contexte international.
Zeid fut une artiste pionnière aujourd’hui mieux connue pour ses grandes toiles colorées – dont certaines font plus de cinq mètres de large – fusionnant les explorations européennes de l’art abstrait avec les influences byzantines, islamiques et perses.
Cette exposition majeure mêle un ensemble de peintures, dessins et sculptures réalisées sur une période de 40 ans – allant des œuvres expressionnistes, réalisées au début des années 1940 à Istanbul, aux immenses toiles abstraites exposées à Londres, Paris et New York dans les années 1950 et 1960, jusqu’à son retour aux portraits dans ses dernières années. En célébrant la carrière extraordinaire de Zeid, la Tate Modern révèle cette artiste comme une figure prédominante de l’histoire internationale de l’art abstrait.
Zeid fut une des premières femmes d’Istanbul à recevoir une réelle formation d’artiste. Elle continuera ses études à Paris jusqu’à la fin des années 1920. Cette exposition présente les moments majeurs de l’artiste au début des années 1940, lorsqu’elle fut une des figures principales à défendre la peinture expérimentale et exposa aux côtés des artistes avant-gardistes turques du Groupe d. L’exposition montre comment le travail de Zeid à cette période, avec des œuvres telle que Third-Class Passengers (1943), illustre ses affinités et ses divergences avec les courants artistiques internationaux, en conciliant les traditions de la peinture européenne avec des thèmes orientaux. Plusieurs œuvres présentées à l’occasion de ses premières expositions personnelles et gardées dans son appartement d’Istanbul au milieu des années 1940, sont ici réunies, telles que Three Ways of Living (War) de 1943 et Three Moments in a Day and a Life de 1944.
En 1945, Zeid et son mari, le Prince hachémite Zeid Al-Hussein, issu de la famille royale, déménagent à Londres après l’affectation de ce dernier comme ambassadeur d’Irak. Ils partagent leur temps entre Londres et Paris où les expositions de Farhelnissa Zeid sont très bien accueillies autant par les critiques que par les artistes, faisant d’elle l’une des plus grandes artistes femme de son temps. Deux œuvres de cette période marquent un point déterminant dans le cheminement de l’artiste vers l’abstraction : Fight against Abstraction (1947) qui montre l’utilisation confiante de fortes lignes noires qui deviendront par la suite un motif prédominant dans son œuvre, ainsi que Resolved Problems (1948), où l’on note la mise en avant de vives couleurs et de motifs inspirés de l’art optique et cinétique. Des pièces majeures de son exposition à l’ICA (Institute of Contemporary Art) en 1954 sont également présentées telles que My Hell (1951) et The Octopus of Triton (1953), plaçant l’artiste au sommet de sa carrière avec un captivant dialogue Est-Ouest au centre de son travail.
Quand la famille royale des Hachémites fut assassinée lors du coup d’Etat de 1958 en Irak, Zeid et son mari furent contraints de quitter l’ambassade de Londres – et l’atelier. Ils trouvèrent un appartement modeste et pour la première fois de sa vie, Zeid dut apprendre à cuisiner. Bien qu’elle ait déjà expérimenté la peinture sur la pierre, le temps passé en cuisine l’inspira à faire de même sur des os de dindes et de poulets, qu’elle pétrifia par la suite dans des plaques de résine en polyester évoquant l’art des vitraux – une partie de ce travail est présentée dans l’exposition. En réponse au coup d’Etat qui frappa la famille royale, et peut-être en réalisant la fragilité de sa propre existence, Zeid opéra un retour à la figuration. Durant les 20 dernières années de sa carrière, elle peignit des portraits de sa famille et de ses proches en exagérant une partie de leurs traits pour rappeler l’aspect antinaturel de l’art byzantin. L’exposition s’achève donc avec certains de ces imposants portraits, tels que Charles Estienne (vers 1964).
Zeid passa les dernières années de sa vie à Amman, en Jordanie, où elle transforma sa maison en école d’art informelle et s’entoura d’un groupe cosmopolite d’étudiantes. Zeid décéda en 1991, à l’âge de 89 ans, après avoir exposé à travers l’Europe, les Etats-Unis et le Moyen-Orient. Elle laissa dernière elle un remarquable héritage pictural qui témoigne de son existence extraordinaire, ainsi que de sa contribution majeure à l’histoire globale du modernisme.
L’exposition Fahrelnissa Zeid a débuté à la Tate Moderne sous le commissariat de Kerryn Greenberg et de Vassilis Oikonomopoulos. Elle est actuellement à la Deutsche Bank KunstHalle à Berlin depuis octobre 2017 et se terminera au Musée Sursock à Beyrouth en avril 2018.
Un film réalisé à la fin des années 1960 par Olivier Lorquin, directeur de la galerie Dina Vierny, est également présenté dans l’exposition.
