RA’ANAN LEVY : VERTIGO
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Le musée Maillol de Banyuls-sur-Mer présente pour l’exposition d’été 2017 une sélection d’une quinzaine d’œuvres récentes de Ra‘anan Levy, des peintures, des œuvres sur papier et une grande gravure. Trois tableaux ont été réalisés spécialement pour cet événement.
Né en 1954, Ra‘anan Levy partage sa vie entre Paris et Florence. Il s’inscrit dans la lignée des grands artistes figuratifs du XXIème siècle. Deux grandes expositions personnelles lui ont déjà été consacrées au musée Maillol à Paris ces dernières années, parmi d’autres, tant en France qu’à l’étranger.
Parmi ses sujets de prédilection, l’on trouvera ici, en-dehors du thème « classique » de l’art occidental de l’autoportrait, d’autres beaucoup plus surprenants : les pigments (dits « éléments essentiels », vues de l’atelier de l’artiste), les lavabos, les bouches d’égout. Ces objets banals de notre quotidien, que l’on regarde à peine, ou tout du moins sans leur prêter un intérêt esthétique noble digne de représentation artistique, subissent, sous la main de Ra‘anan Levy, des métamorphoses inquiétantes. Ils ne sont pas prétextes à l’anecdotique, ni à la recherche d’un effet thématique, mais bien les outils d’un imaginaire et d’une vision plastique personnels et originaux.
Les dernières œuvres de Ra‘anan Levy révèlent une très forte intensification du thème de l’eau. Eaux jaillissant des robinets, des bouches d’égout, pigments vifs qui se déversent au centre du tableau comme une menace, un torrent dévastateur potentiel. L’artiste compose, par cadrages très serrés de jeux de constructions, accumulations-saturations savantes, des circulations étranges suintantes de substances troubles qu’il dépose dans des perspectives de diagonales, vues en plongée qui provoquent le vertige -la chute ?- de celui qui regarde. Le spectateur « tombe » alors littéralement sur ces sols instables et humides. Sans présence humaine, les bouches et plaques d’égout, les bondes des éviers, les robinets, les carrelages, les bocaux et froissements de tissus s’assimilent à des organismes vivants, se font bouche ou œil, cavités, orifices corporels qui nous observent ou nous absorbent, tels des fantômes, marqués par un traitement d’aplats lisses rythmés d’autres couches plus granuleuses. La surface de ces objets de métal ou d’émail est traitée comme autant de peaux ou chairs, lacérées de veines. Cette maîtrise des matériaux -l’huile ou le fusain, la tempera ou le pastel, ou bien encore la gravure- invite à nous plonger, par ses halos de salissures ou d’usure, dans les eaux abyssales des vestiges de nos existences. Qu’il s’agisse des toiles de très grandes dimensions ou des formats beaucoup plus réduits, Ra‘anan Levy nous entraîne dans une interrogation profonde et poétique, balancée entre rêve et réalité, dans un mystérieux vertigo de matière picturale.
Olivier LORQUIN
Président du Musée Maillol
Exposition du 28 juin au 31 octobre 2017
contact presse : eapprédérisse@museemaillol.com
