Couturier – Richier : une amitié sculpturale
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« Maine était une merveilleuse amie et une très grande artiste. Elle a su parfaitement intégrer à un ordre plastique les éléments naturels les plus imprévus. Ses sculptures vivent avec puissance une vie aussi évidente que celle des plantes, des pierres, de l’eau, des animaux silencieux. […] je sais la force de son œuvre comme un sculpteur peut le savoir. »
C’est ainsi que Robert Couturier (1905-2008) rendait hommage à son amie Germaine Richier (1902-1959) décédée à l’été 1959. De la même génération, ils se rencontrent au cours des années 1930, moment où leur travail se met en place et participent à l’exposition : La sculpture contemporaine en France à la galerie Georges Petit (Paris) en 1934. Dans ces mêmes années, ils obtiennent aussi le prix Blumenthal, en 1930 pour Robert Couturier, en 1936 pour Germaine Richier. Les années d’après-guerre correspondent au début de la reconnaissance de leur travail.
Ils sont présents dans les mêmes grandes expositions collectives, notamment en 1948 aux expositions : Les sculpteurs contemporains de l’École de Paris (Kunsthalle, Berne) ou Treize sculpteurs de l’École de Paris (Stedelijk Museum, Amsterdam) ainsi qu’aux Biennales de Venise, en 1950 pour Robert Couturier et en 1952 pour Germaine Richier, et à la première Biennale de Saõ Paulo en 1951 où chacun a une de ses sculptures achetées (La Forêt (1946) de Richier rejoint la collection du Musée d’art moderne de Saõ Paulo, La Jeune fille lamelliforme (1950) de Couturier celle du Musée d’art moderne de Rio de Janeiro).
Animés, dès les années de guerre, par une réflexion commune sur la représentation de la figure humaine, question qu’ils partagent notamment avec Alberto Giacometti, ils cherchent à renouveler et à repenser profondément le langage figuratif de la sculpture, élaborant des œuvres où les corps sont éminemment construits et étirés, le vide intégré à la forme et la matière irrégulière et exacerbée.
Tandis que Germaine Richier crée un climat fantastique où baignent des êtres hybrides, Robert Couturier imagine une expression plus mentale marquée par une certaine atmosphère apollinienne.
Cette exposition met en dialogue ces deux personnalités de la sculpture des années 50 en s’attachant à montrer les liens formels et esthétiques qui ont lié ces deux artistes-amis dans le contexte des années d’après-guerre et des années 1950.
Valérie Da Costa
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Commissaire de l’exposition :
Valérie Da Costa est historienne de l’art, critique d’art et commissaire d’exposition. Ses travaux portent notamment sur la sculpture moderne et contemporaine et sur l’art italien de la seconde moitié du XXe siècle, sujets sur lesquels elle a publié de nombreux textes et livres en France et à l’étranger. Elle a récemment été commissaire des expositions : Germaine Richier, la magicienne (Musée Picasso, Antibes, 2019), Piero Gilardi, dalla natura all’arte (Galerie Michel Rein, Paris, 2020), Maillol, la forme libre (Galerie Dina Vierny, 2021), Turi Simeti : l’aventure monochrome(s) (Galerie Almine Rech, 2022) et Vita Nuova. Nouveaux enjeux de l’art en Italie 1960-1975 (MAMAC, Nice, 2022).
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Présentation de l’exposition par Valérie Da Costa
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Robert Couturier avec une des deux figures de l’Idylle, 1956-57 Germaine Richier dans son atelier avec l’Eau, 1954

10.02.23 - 22.04.23