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Maillol et Picasso au Musée Hyacinthe Rigaud

 
 Le musée d’art Hyacinthe Rigaud à Perpignan présente du 28 juin au 31 décembre 2025 l’exposition Maillol / Picasso. Défier l’idéal classique. Rassemblant pour la première fois les œuvres d’Aristide Maillol et de Pablo Picasso, cette exposition met en lumière leur dialogue autour de la forme, du corps et de l’héritage méditerranéen. Tous deux profondément liés à la Catalogne, Maillol et Picasso sont ici réunis à travers 110 œuvres — sculptures, dessins, peintures et gravures — réparties en six sections.
29 juillet 2025
Dina Vierny Vue d’exposition / Courtesy of Ville de Perpignan, Musée d’art Hyacinthe Rigaud / Succession Picasso 2025 © Photo: P. Marchesan
Tout semble opposer  Aristide Maillol  et  Pablo Picasso  : deux générations, deux approches, deux langages plastiques. Pourtant, leur confrontation révèle des échos profonds. Tous deux partagent une même culture méditerranéenne, une fascination pour le corps féminin, et un attachement fort à la Catalogne.

Maillol poursuit une idée de la beauté ancrée dans l’équilibre et la permanence. Son œuvre, souvent qualifiée de « classique », cherche une forme universelle, dégagée du pathos, sculptée dans la lumière du Sud. Picasso, à l’inverse, traverse les styles, déconstruit la figure, explore la violence du désir, la chute, le chaos. Mais c’est justement dans ces oppositions que se noue un dialogue fécond.

Lors de ses séjours à Perpignan dans les années 1950, Picasso redécouvre l’œuvre de Maillol, notamment Méditerranée, exposée sur la place de l’Hôtel de Ville. Cette confrontation réactive chez lui des souvenirs formels et inspire des œuvres majeures comme Femmes devant la mer (1956), dans lesquelles réapparaît la monumentalité sereine des figures mailloliennes, transposée dans un langage cubiste tardif.
	


Raymond Fabre, Pablo Picasso touchant la statue La Méditerranée d'Aristide Maillol, dans la cour intérieure de l'hôtel de ville de Perpignan, le 24 septembre 1954

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« J’imagine que dans un siècle on ne s’étonnera pas que telle de ses œuvres soit née la même année que telle de Picasso. » Robert Couturier

»

 Maillol définissait son travail par une recherche de l’essentiel : « Je n’invente rien, pas plus que le pommier ne peut prétendre avoir inventé ses pommes. » Dans ses sculptures, la pureté des lignes et l’équilibre des volumes traduisent une vision intemporelle de la figure humaine.
De son côté, Danielle Orchard explore la peinture avec une approche proche de la sculpture, superposant de fines couches d’huile pour modeler ses personnages. Elle explique : « Je m’intéresse à la manière dont Maillol puise dans l’Antiquité, et à la façon dont son respect pour l’abstraction rejoint mes propres réflexions sur la peinture. ».
Cette exposition met en lumière une filiation artistique où peinture et sculpture se répondent, soulignant la continuité d’une vision du corps féminin à travers les époques. Ces œuvres emblématiques permettent d’explorer la quête d’équilibre et de pureté qui anime le travail de Maillol et trouvent un écho dans les compositions picturales de Danielle Orchard.

Vue d’exposition / Courtesy of Ville de Perpignan, Musée d’art Hyacinthe Rigaud / Succession Picasso 2025 © Photo: P. Marchesan

 De son côté, Maillol, bien que critique vis-à-vis du modernisme de Picasso, reconnaît sa maîtrise picturale et l’intensité de ses recherches. Il voit dans certaines œuvres de la période cubiste une force plastique rare, capable de toucher à une « beauté pure », dépouillée de toute anecdote.

La confrontation entre les deux artistes se lit aussi dans la forme. Le traitement des bustes, les figures assises, les silhouettes simplifiées sont autant de motifs partagés. Le nu chez Maillol, tout en stabilité, trouve un contrepoint chez Picasso, dans ses corps déséquilibrés, parfois disloqués, mais construits avec la même rigueur interne. La série des Baigneuses de Picasso, les bustes de Marie-Thérèse ou la Suite Vollard peuvent être mis en écho avec des œuvres comme La Méditerranée, La Rivière ou Le Désir.
 L’idée même de cette exposition trouve une racine dans une intuition de Ludwig Mies van der Rohe, qui imagine en 1943 un projet de musée intitulé Museum for a Small City. Dans cette vision moderne de l’espace muséal, il associe de manière volontaire Maillol à Picasso, en dehors des chronologies traditionnelles. Une association audacieuse, qui inspire aujourd’hui le regard porté sur ces deux artistes.

Autre figure clé de cette rencontre : Ambroise Vollard, marchand commun aux deux artistes. C’est chez lui que Maillol et Picasso se retrouvent pour la première fois, comme en témoigne un célèbre cliché de Brassaï, pris dans l’hôtel particulier de Vollard. Le marchand éditera des sculptures de Maillol comme Léda, et soutiendra Picasso dès ses débuts par des expositions et des publications.

Vue d’exposition / Courtesy of Ville de Perpignan, Musée d’art Hyacinthe Rigaud / Succession Picasso 2025 © Photo: P. Marchesan

Vue d’exposition / Courtesy of Ville de Perpignan, Musée d’art Hyacinthe Rigaud / Succession Picasso 2025 © Photo: P. Marchesan

 Au-delà du face-à-face entre deux figures majeures du XXe siècle, cette exposition invite à reconsidérer la place de la sculpture dans l’histoire de l’art moderne. En confrontant Maillol et Picasso, l’exposition interroge ce que signifie « défier l’idéal classique » aujourd’hui. Leurs œuvres posent des questions encore actuelles sur la représentation du corps, la tension entre abstraction et figuration, ou encore le rôle de la forme dans l’expression d’un monde en mouvement. À l’heure où la sculpture contemporaine explore d’autres matériaux, d’autres rapports à l’espace, ce retour à la matière, au volume, au geste, offre une mise en perspective précieuse. 
 Maillol définissait son travail par une recherche de l’essentiel : « Je n’invente rien, pas plus que le pommier ne peut prétendre avoir inventé ses pommes. » Dans ses sculptures, la pureté des lignes et l’équilibre des volumes traduisent une vision intemporelle de la figure humaine.
De son côté, Danielle Orchard explore la peinture avec une approche proche de la sculpture, superposant de fines couches d’huile pour modeler ses personnages. Elle explique : « Je m’intéresse à la manière dont Maillol puise dans l’Antiquité, et à la façon dont son respect pour l’abstraction rejoint mes propres réflexions sur la peinture. ».
Cette exposition met en lumière une filiation artistique où peinture et sculpture se répondent, soulignant la continuité d’une vision du corps féminin à travers les époques. Ces œuvres emblématiques permettent d’explorer la quête d’équilibre et de pureté qui anime le travail de Maillol et trouvent un écho dans les compositions picturales de Danielle Orchard.
Dina Vierny Vue d’exposition / Courtesy of Ville de Perpignan, Musée d’art Hyacinthe Rigaud / Succession Picasso 2025 © Photo: P. Marchesan

Maillol et Picasso au Musée Hyacinthe Rigaud

29 juillet 2025
 
 Le musée d’art Hyacinthe Rigaud à Perpignan présente du 28 juin au 31 décembre 2025 l’exposition Maillol / Picasso. Défier l’idéal classique. Rassemblant pour la première fois les œuvres d’Aristide Maillol et de Pablo Picasso, cette exposition met en lumière leur dialogue autour de la forme, du corps et de l’héritage méditerranéen. Tous deux profondément liés à la Catalogne, Maillol et Picasso sont ici réunis à travers 110 œuvres — sculptures, dessins, peintures et gravures — réparties en six sections.
Tout semble opposer  Aristide Maillol  et  Pablo Picasso  : deux générations, deux approches, deux langages plastiques. Pourtant, leur confrontation révèle des échos profonds. Tous deux partagent une même culture méditerranéenne, une fascination pour le corps féminin, et un attachement fort à la Catalogne.

Maillol poursuit une idée de la beauté ancrée dans l’équilibre et la permanence. Son œuvre, souvent qualifiée de « classique », cherche une forme universelle, dégagée du pathos, sculptée dans la lumière du Sud. Picasso, à l’inverse, traverse les styles, déconstruit la figure, explore la violence du désir, la chute, le chaos. Mais c’est justement dans ces oppositions que se noue un dialogue fécond.

Lors de ses séjours à Perpignan dans les années 1950, Picasso redécouvre l’œuvre de Maillol, notamment Méditerranée, exposée sur la place de l’Hôtel de Ville. Cette confrontation réactive chez lui des souvenirs formels et inspire des œuvres majeures comme Femmes devant la mer (1956), dans lesquelles réapparaît la monumentalité sereine des figures mailloliennes, transposée dans un langage cubiste tardif.
	

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« J’imagine que dans un siècle on ne s’étonnera pas que telle de ses œuvres soit née la même année que telle de Picasso. » Robert Couturier

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 Maillol définissait son travail par une recherche de l’essentiel : « Je n’invente rien, pas plus que le pommier ne peut prétendre avoir inventé ses pommes. » Dans ses sculptures, la pureté des lignes et l’équilibre des volumes traduisent une vision intemporelle de la figure humaine.
De son côté, Danielle Orchard explore la peinture avec une approche proche de la sculpture, superposant de fines couches d’huile pour modeler ses personnages. Elle explique : « Je m’intéresse à la manière dont Maillol puise dans l’Antiquité, et à la façon dont son respect pour l’abstraction rejoint mes propres réflexions sur la peinture. ».
Cette exposition met en lumière une filiation artistique où peinture et sculpture se répondent, soulignant la continuité d’une vision du corps féminin à travers les époques. Ces œuvres emblématiques permettent d’explorer la quête d’équilibre et de pureté qui anime le travail de Maillol et trouvent un écho dans les compositions picturales de Danielle Orchard.

Vue d’exposition / Courtesy of Ville de Perpignan, Musée d’art Hyacinthe Rigaud / Succession Picasso 2025 © Photo: P. Marchesan

 De son côté, Maillol, bien que critique vis-à-vis du modernisme de Picasso, reconnaît sa maîtrise picturale et l’intensité de ses recherches. Il voit dans certaines œuvres de la période cubiste une force plastique rare, capable de toucher à une « beauté pure », dépouillée de toute anecdote.

La confrontation entre les deux artistes se lit aussi dans la forme. Le traitement des bustes, les figures assises, les silhouettes simplifiées sont autant de motifs partagés. Le nu chez Maillol, tout en stabilité, trouve un contrepoint chez Picasso, dans ses corps déséquilibrés, parfois disloqués, mais construits avec la même rigueur interne. La série des Baigneuses de Picasso, les bustes de Marie-Thérèse ou la Suite Vollard peuvent être mis en écho avec des œuvres comme La Méditerranée, La Rivière ou Le Désir.
 L’idée même de cette exposition trouve une racine dans une intuition de Ludwig Mies van der Rohe, qui imagine en 1943 un projet de musée intitulé Museum for a Small City. Dans cette vision moderne de l’espace muséal, il associe de manière volontaire Maillol à Picasso, en dehors des chronologies traditionnelles. Une association audacieuse, qui inspire aujourd’hui le regard porté sur ces deux artistes.

Autre figure clé de cette rencontre : Ambroise Vollard, marchand commun aux deux artistes. C’est chez lui que Maillol et Picasso se retrouvent pour la première fois, comme en témoigne un célèbre cliché de Brassaï, pris dans l’hôtel particulier de Vollard. Le marchand éditera des sculptures de Maillol comme Léda, et soutiendra Picasso dès ses débuts par des expositions et des publications.

Vue d’exposition / Courtesy of Ville de Perpignan, Musée d’art Hyacinthe Rigaud / Succession Picasso 2025 © Photo: P. Marchesan

Vue d’exposition / Courtesy of Ville de Perpignan, Musée d’art Hyacinthe Rigaud / Succession Picasso 2025 © Photo: P. Marchesan

 Au-delà du face-à-face entre deux figures majeures du XXe siècle, cette exposition invite à reconsidérer la place de la sculpture dans l’histoire de l’art moderne. En confrontant Maillol et Picasso, l’exposition interroge ce que signifie « défier l’idéal classique » aujourd’hui. Leurs œuvres posent des questions encore actuelles sur la représentation du corps, la tension entre abstraction et figuration, ou encore le rôle de la forme dans l’expression d’un monde en mouvement. À l’heure où la sculpture contemporaine explore d’autres matériaux, d’autres rapports à l’espace, ce retour à la matière, au volume, au geste, offre une mise en perspective précieuse. 

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