Séraphine
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Séraphine Louis, dite Séraphine de Senlis, est issue d’une famille modeste. D’abord domestique au couvent de la Charité de la Providence de Clermont-de-l’Oise, elle est, dès 1904, employée comme femme de ménage chez des bourgeois de Senlis. C’est à cette période que son « bon ange » lui serait apparu et lui aurait dit : « Séraphine, écoute-moi : il faut te mettre au dessin ».
En 1912, elle entre au service du collectionneur et critique d’art Wilhelm Uhde, connu pour avoir découvert et acheté les premières toiles de Picasso, Braque et du Douanier Rousseau. Celui-ci découvre lors d’un dîner un petit tableau de la main de Séraphine, représentant des pommes. Il l’acquiert sur le champ. Il sort alors Séraphine de la solitude et lui permet de se consacrer pleinement à la peinture. Uhde doit quitter la France en 1914 et ne reprend contact avec elle qu’en 1927. À partir de cette période, il lui achète tous ses tableaux, décide de l’aider et diffuse son œuvre en France, en Allemagne et jusqu’aux États-Unis. Il cesse tout soutien en 1930, suite à la Grande Dépression. Séraphine, lancée dans des dépenses excessives, en est très perturbée et s’effondre psychiquement, ce qui met un terme à ces trois années de production fécondes. Elle est internée en 1932 et meurt dix ans plus tard dans l’abandon le plus total.
À la fois associée à l’art naïf et à l’art brut, la peinture de Séraphine de Senlis est un phénomène unique dans l’histoire de l’art du XXème siècle. Par la peinture, Séraphine se livre sans retenue. Elle explore toute la palette de ses émotions avec ingénuité et s’exprime sans imiter personne. Elle crée un langage singulier et sincère qui n’a pas eu à se défaire d’un apprentissage érudit, seulement guidée par son for intérieur et l’esprit divin. Naissent alors d’étonnants bouquets surréalistes, peints avec une ardeur et une ferveur que Wilhelm Uhde qualifia de « confession extatique ». Ses tableaux sont comme des rêves éveillés qui se tiennent quelque part entre la passion de l’art et l’art de l’hallucination. Métamorphosées par sa psyché, les monumentales compositions végétales se meuvent en paysages : dans les feuilles perlent alors des larmes de sang, des yeux se glissent en lieu et place des fruits et des sourires tordus s’accrochent aux branches d’arbres imaginaires.
Si le nom de Séraphine fut oublié pendant un temps, c’est peut-être parce que son art portait en lui sa propre fragilité, celle d’être isolée et de décrire un univers fait de ses propres règles, avec pour seule culture son expérience personnelle. Il fut cependant remis à l’honneur en 2008 grâce au film de Martin Provost et à l’interprétation saluée de Yolande Moreau (extraits choisis qui seront diffusés dans la cave) ainsi que grâce à l’exposition organisée par le Musée Maillol en 2008-09.
Les œuvres de Séraphine sont présentées dans les musées suivants : MoMA, New York ; Centre Pompidou, Paris ; Fondation Dina Vierny – Musée Maillol, Paris ; LaM, Villeneuve d’Ascq ; Musée de Peinture et de Sculpture, Grenoble ; Musée d’Art et Archéologie, Senlis ; Musée du Vieux-Château, Laval ; Musée Anatole Jakovsky, Nice ; Petit-Palais – Musée d’art moderne, Genève ; Museum Charlotte Zander, Bönnigheim ; Clemens-Sels Museum, Neus ; Staatliche Museen – Neue Galerie, Kassel ; Museum am Ostwall, Dortmund ; Kunsthalle, Hambourg ; Setgaya Art Museum, Tokyo.
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Séraphine Louis, dite Séraphine de Senlis, Les grappes de raisins, circa 1930 – Huile sur toile, 146 x 114 cm

Du 25 mai au 30 juillet 2021