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Couturier & Richier à la Biennale de São Paulo de 1951

 
 En 1951, à l'occasion de l’édition inaugurale de la Biennale de São Paulo, Robert Couturier et Germaine Richier- liés par une amitié de 20 ans et une collaboration artistique fructueuse - ont tous deux étés choisis pour représenter la section sculpture de la France au sein du pavillon pensé par Jean Cassou, directeur du Musée National d’art Moderne français. La Biennale de São Paulo constitue la deuxième plus ancienne biennale d’art au monde après celle de Venise. 
02 mars 2024
Dina Vierny « Germaine Richier et Robert Couturier », São Paulo Biennal, 1951 © Archives Fundação Bienal de São Paulo
Germaine Richier et Robert Couturier furent tout au long de leurs carrières liés l’un à l’autre. Leurs parcours artistiques débutent à la fin des années 1920, influencés par des maîtres sculpteurs de leur époque : Couturier se forme auprès d'Aristide Maillol (1861-1944) et Richier auprès d'Antoine Bourdelle (1861-1929). Une amitié indéfectible naît entre eux dès le début des années 1930, une période où leurs styles artistiques respectifs se développent. Leur talent est reconnu et félicité par le prix Blumenthal, remis à Couturier en 1930 et à Richier en 1936. Leurs liens d'amitié demeureront toujours riches en échanges et en partages d'idées, en dépit de l’éloignement géographique des artistes, et ce jusqu’à la mort de Germaine Richier en 1959.	


« Germaine Richier et Robert Couturier dans l’atelier d’Hermann Haller à Zurich en 1946 » © Tout droit réservé

 Les années d'après-guerre sont synonymes de reconnaissance internationale pour leurs œuvres. Ils participent ensemble à plusieurs biennales et expositions avant 1951 : Anglo French Art de Londres en 1947, « Les sculpteurs contemporains de l'École de Paris » à la Kunsthalle de Berne en 1948, et « Treize sculpteurs de l'École de Paris » au Stedelijk Museum d’Amsterdam la même année. Deux ans plus tard, Couturier participe au pavillon français de la Biennale de Venise, avant que Germaine Richier n’y participe en 1952. Entre temps, ils se retrouvent de nouveau en 1951 à São Paulo. Ces manifestations ont joué un rôle crucial dans la mise en valeur des différentes tendances artistiques, notamment celle regroupée sous le terme d'École de Paris, dont des sculpteurs tels que Germaine Richier, Alberto Giacometti et Robert Couturier étaient les principales figures. Leurs sculptures, caractérisées par leur aspect "maigre" et "expressionniste", se distinguaient par leur structure étirée, désincarnée et l’irrégularité de leur matière. 

« Germaine Richier et Robert Couturier, Biennale de São Paulo », 1951 © Archives Fundação Bienal de São Paulo

« Germaine Richier et Robert Couturier », Biennale de São Paulo, 1951 © Cav. Giov. Strazza

 Théâtre d'une confusion remarquable, cette Biennale de São Paulo demeure marquante pour les deux artistes : dans un article d'André Warnod paru dans Le Figaro, Germaine Richier est annoncée lauréate d'un prix, aux côtés d'une reproduction d'une sculpture de Robert Couturier faussement identifiée comme étant de la main de Germaine Richier. Cette situation équivoque aboutit à l'acquisition de « La Forêt » (1946) de Germaine Richier par le Musée d'Art moderne de São Paulo, tandis que la sculpture « Jeune fille lamelliforme » (1950) de Robert Couturier est achetée par le Musée d'Art moderne de Rio. En 1994, Robert Couturier se rappelle cet incident avec perplexité : « Il y avait, comme pour la Biennale de Venise, un prix de sculpture et un prix de peinture. J'étais invité et j'ai envoyé une sculpture, la Jeune fille lamelliforme. J'ai reçu un papier m'informant que ma sculpture avait été achetée par le musée de Rio de Janeiro. Le prix consistait en un achat. C'était un prix-achat et il m'était donc attribué. Pourtant, c'est Germaine Richier qui reçut le prix et ne toucha l'argent que quelques années après. J'ai donc écrit au musée pour qu'il m’envoie la sculpture primée, c'était la mienne. J'ai ensuite rencontré Jean Cassou, qui était commissaire du pavillon français de cette biennale, mais il ne m’a jamais donné d'explications au sujet de ce qui s'était passé. L'œuvre a été photographiée avec une mauvaise légende et reproduite dans un article d'André Warnod dans Le Figaro". 

André Warnod, « les Français triomphent à la biennale de São Paulo », Le Figaro, 1951


 En 2023, la galerie Dina Vierny a décidé de réunir à nouveau les deux artistes dans son exposition intitulée « Couturier - Richier : une amitié sculpturale ».

Vue de l’exposition « Couturier- Richier : une amitié sculpturale » à la galerie Dina Vierny en 2023 © Romain Darnaud

 
 Les années d'après-guerre sont synonymes de reconnaissance internationale pour leurs œuvres. Ils participent ensemble à plusieurs biennales et expositions avant 1951 : Anglo French Art de Londres en 1947, « Les sculpteurs contemporains de l'École de Paris » à la Kunsthalle de Berne en 1948, et « Treize sculpteurs de l'École de Paris » au Stedelijk Museum d’Amsterdam la même année. Deux ans plus tard, Couturier participe au pavillon français de la Biennale de Venise, avant que Germaine Richier n’y participe en 1952. Entre temps, ils se retrouvent de nouveau en 1951 à São Paulo. Ces manifestations ont joué un rôle crucial dans la mise en valeur des différentes tendances artistiques, notamment celle regroupée sous le terme d'École de Paris, dont des sculpteurs tels que Germaine Richier, Alberto Giacometti et Robert Couturier étaient les principales figures. Leurs sculptures, caractérisées par leur aspect "maigre" et "expressionniste", se distinguaient par leur structure étirée, désincarnée et l’irrégularité de leur matière. 
Dina Vierny « Germaine Richier et Robert Couturier », São Paulo Biennal, 1951 © Archives Fundação Bienal de São Paulo

Couturier & Richier à la Biennale de São Paulo de 1951

02 mars 2024
 
 En 1951, à l'occasion de l’édition inaugurale de la Biennale de São Paulo, Robert Couturier et Germaine Richier- liés par une amitié de 20 ans et une collaboration artistique fructueuse - ont tous deux étés choisis pour représenter la section sculpture de la France au sein du pavillon pensé par Jean Cassou, directeur du Musée National d’art Moderne français. La Biennale de São Paulo constitue la deuxième plus ancienne biennale d’art au monde après celle de Venise. 
Germaine Richier et Robert Couturier furent tout au long de leurs carrières liés l’un à l’autre. Leurs parcours artistiques débutent à la fin des années 1920, influencés par des maîtres sculpteurs de leur époque : Couturier se forme auprès d'Aristide Maillol (1861-1944) et Richier auprès d'Antoine Bourdelle (1861-1929). Une amitié indéfectible naît entre eux dès le début des années 1930, une période où leurs styles artistiques respectifs se développent. Leur talent est reconnu et félicité par le prix Blumenthal, remis à Couturier en 1930 et à Richier en 1936. Leurs liens d'amitié demeureront toujours riches en échanges et en partages d'idées, en dépit de l’éloignement géographique des artistes, et ce jusqu’à la mort de Germaine Richier en 1959.	
 Les années d'après-guerre sont synonymes de reconnaissance internationale pour leurs œuvres. Ils participent ensemble à plusieurs biennales et expositions avant 1951 : Anglo French Art de Londres en 1947, « Les sculpteurs contemporains de l'École de Paris » à la Kunsthalle de Berne en 1948, et « Treize sculpteurs de l'École de Paris » au Stedelijk Museum d’Amsterdam la même année. Deux ans plus tard, Couturier participe au pavillon français de la Biennale de Venise, avant que Germaine Richier n’y participe en 1952. Entre temps, ils se retrouvent de nouveau en 1951 à São Paulo. Ces manifestations ont joué un rôle crucial dans la mise en valeur des différentes tendances artistiques, notamment celle regroupée sous le terme d'École de Paris, dont des sculpteurs tels que Germaine Richier, Alberto Giacometti et Robert Couturier étaient les principales figures. Leurs sculptures, caractérisées par leur aspect "maigre" et "expressionniste", se distinguaient par leur structure étirée, désincarnée et l’irrégularité de leur matière. 

« Germaine Richier et Robert Couturier, Biennale de São Paulo », 1951 © Archives Fundação Bienal de São Paulo

« Germaine Richier et Robert Couturier », Biennale de São Paulo, 1951 © Cav. Giov. Strazza

 Théâtre d'une confusion remarquable, cette Biennale de São Paulo demeure marquante pour les deux artistes : dans un article d'André Warnod paru dans Le Figaro, Germaine Richier est annoncée lauréate d'un prix, aux côtés d'une reproduction d'une sculpture de Robert Couturier faussement identifiée comme étant de la main de Germaine Richier. Cette situation équivoque aboutit à l'acquisition de « La Forêt » (1946) de Germaine Richier par le Musée d'Art moderne de São Paulo, tandis que la sculpture « Jeune fille lamelliforme » (1950) de Robert Couturier est achetée par le Musée d'Art moderne de Rio. En 1994, Robert Couturier se rappelle cet incident avec perplexité : « Il y avait, comme pour la Biennale de Venise, un prix de sculpture et un prix de peinture. J'étais invité et j'ai envoyé une sculpture, la Jeune fille lamelliforme. J'ai reçu un papier m'informant que ma sculpture avait été achetée par le musée de Rio de Janeiro. Le prix consistait en un achat. C'était un prix-achat et il m'était donc attribué. Pourtant, c'est Germaine Richier qui reçut le prix et ne toucha l'argent que quelques années après. J'ai donc écrit au musée pour qu'il m’envoie la sculpture primée, c'était la mienne. J'ai ensuite rencontré Jean Cassou, qui était commissaire du pavillon français de cette biennale, mais il ne m’a jamais donné d'explications au sujet de ce qui s'était passé. L'œuvre a été photographiée avec une mauvaise légende et reproduite dans un article d'André Warnod dans Le Figaro". 

André Warnod, « les Français triomphent à la biennale de São Paulo », Le Figaro, 1951

 En 2023, la galerie Dina Vierny a décidé de réunir à nouveau les deux artistes dans son exposition intitulée « Couturier - Richier : une amitié sculpturale ».

Vue de l’exposition « Couturier- Richier : une amitié sculpturale » à la galerie Dina Vierny en 2023 © Romain Darnaud

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