78 ans après l’inauguration de la Galerie Dina Vierny à son adresse historique de la rue Jacob, Pierre et Alexandre Lorquin — petits-fils de la célèbre muse de Maillol — ouvrent un second espace au
53 rue de Seine. Pour célébrer cette étape décisive, une rétrospective exceptionnelle de l’œuvre de Judit Reigl est présentée simultanément dans les deux lieux à partir du 15 mai 2025. Cette exposition, qui couvre plus de cinq décennies de création - des années 1940 aux années 1990 – réunit des œuvres rares, parfois inédites.
L’ouverture d’un second espace au 53 rue de Seine marque un tournant décisif dans l’évolution de la Galerie Dina Vierny, incarnant le nouvel élan donné par Pierre et Alexandre Lorquin, à sa tête depuis janvier 2021. Après avoir développé une programmation pointue, mêlant à la fois expositions de qualité muséale, des publications exigeantes, des participations accrues aux foires internationales et la mise en chantier de plusieurs catalogues raisonnés, c’est en réinvestissant l’adresse historique de la Galerie Jeager Bucher – un espace de 200 m2 redessiné par l’architecte Simon Basquin, et baigné d’une lumière zénithale filtrant à travers une importante verrière – que la Galerie Dina Vierny s’offre la possibilité de proposer des expositions plus ambitieuses, d’accueillir des œuvres de plus grand format et de renouer avec une ligne à la fois moderne et contemporaine.
« Ce nouveau lieu, qui résonne intimement avec l’histoire de notre grand-mère, va nous permettre d’amorcer un nouveau chapitre tout en renouant avec l’esprit d’origine de la galerie, qui était de présenter à la fois des artistes contemporains et de grandes figures du XXe siècle. C’est ce dialogue entre les époques que nous allons recréer avec cette extension rue de Seine ».
C’est en 1947, encouragée dès la fin de la guerre par Henri Matisse et Jeanne Bucher, que Dina Vierny, dernière muse de Maillol, ouvre sa galerie au 36 rue Jacob. Matisse parvient alors à convaincre l’architecte Auguste Perret – pourtant mobilisé sur la reconstruction du Havre – de concevoir cet écrin moderniste, resté intact depuis. Jeanne Bucher, décédée en 1946, n’aura pas eu la chance de voir ses précieux encouragements mis à l’œuvre. Mais avec l’ouverture du nouvel espace au 53 rue de Seine, anciennement Galerie Jaeger Bucher, la galerie rend hommage à cette figure tutélaire. Ces deux adresses incarnent ainsi, chacune à leur manière, les deux figures majeures qui ont poussé Dina Vierny à se lancer dans cette aventure.
A l’occasion de cette ouverture, Pierre et Alexandre Lorquin ont décidé de rendre hommage à Judit Reigl, la première artiste qu’ils ont choisi d’intégrer au programme de la galerie à leur arrivée. Après deux expositions thématiques présentées rue Jacob, la conjugaison des deux espaces offre une opportunité unique : celle d’organiser une rétrospective d’une ampleur inédite – la plus complète depuis près de dix ans – rassemblant plus d’une trentaine d’œuvres majeures de l’artiste et intitulée Spasme avec le feu. La rue Jacob accueillera les œuvres jusqu’à 1954, couvrant la période hongroise, la période surréaliste et les peintures de l’exposition de l’Etoile scellée chez André Breton, tandis que la rue de Seine présentera les séries abstraites et figuratives réalisées après 1954, telle qu’« Éclatement », « Centre de dominance », « Écriture en masse », « Guano », « Expérience d’apesanteur », « Homme », « Déroulement », « L’Art de la fugue », « Hors » ou « Face à ».
Un catalogue sera édité avec un texte de l’historienne et critique d’art Guitemie Maldonado.
À travers cette double exposition, la Galerie Dina Vierny rend un hommage vibrant à une figure féminine centrale de l’art du XXe siècle, tout en faisant un premier grand pas vers une nouvelle étape de son histoire.
Judit Reigl - Spasme avec le feu
53 rue de Seine / du 16 mai au 14 juin
36 rue Jacob / du 16 mai au 2 août
Biographie
Judit Reigl est une peintre tour à tour surréaliste, abstraite ou figurative. À son arrivée en France en 1950, elle retrouve
Simon Hantaï, venu comme elle de Budapest, qui l’introduit auprès d’André Breton. Séduit par ses toiles surréalistes, il l’invite à exposer à L’Étoile scellée. Elle s’éloigne ensuite du surréalisme et réalise des séries marquées par une intense gestualité : les « Éclatements » (1955-1958), les « Centres de dominance » (1958-1959) et les « Écritures en masse » (1959-1965). Parallèlement, les toiles ratées sont conservées au sol de l’atelier et foulées, recouvertes des déjections picturales puis retravaillées : ce sont les « Guano » (1958-1965). Plus que l’élégance formelle du geste, c’est son authenticité que Judit Reigl recherche. En 1965-66, la figuration réapparait progressivement sous la forme de torses masculins, la série « Hommes » (1965-1972). Entre 1973 et 1985, elle crée les « Déroulements » (1973-1985), toiles abstraites où l’artiste approfondit une écriture automatique faite de tracés colorés émergeant par transparence au revers de la toile. L’humain s’installera ensuite définitivement dans ses dernières séries : « Face à » (1988-1989), « Un corps au pluriel » (1990-1994), « Hors » (1994-1999) et « New York, 11 septembre 2001 » (2001-2002). Reigl puise toujours dans les expériences les plus profondes de son existence pour développer une réflexion vaste et complexe sur l’humain. À la recherche d’essence et d’absolu, son œuvre témoigne de l’inconnu.
Les œuvres de Judit Reigl sont présentées dans les musées suivants : MoMA, New York ; Guggenheim Museum, New York ; The Metropolitain Museum of Art, New York ; Albright-Knox Gallery, Buffalo ; The Museum of Fine Arts, Houston ; Tate Modern, Londres ; Centre Pompidou, Paris ; Musée d’Art moderne de Paris ; Fondation Dina Vierny - Musée Maillol, Paris ; MAC VAL, Vitry-sur-Seine ; Musée des Beaux-Arts, Caen ; Musée des Beaux-Arts, Grenoble ; Musée Fabre, Montpellier ; Musée des Beaux-Arts, Nantes ; Arsenal, Musée d’art contemporain, Soissons ; The Albertina Museum, Vienne ; Galerie Nationale Hongroise, Budapest. ; Neue Nationalgalerie, Berlin.