La galerie Dina Vierny ouvre ses portes le 25 janvier 1947 au 36 rue Jacob, après un an de travaux confiés à Auguste Perret. Dina Vierny, qui voulait notamment une galerie pour valoriser l’œuvre d’Aristide Maillol, lui dédie son exposition inaugurale.19 juillet 2024
De son vivant, Aristide Maillol souhaite grandement que son dernier modèle Dina Vierny ouvre une galerie. Après son décès en 1944, Jeanne Bucher et Matisse succèdent à Maillol auprès de la jeune femme et réussissent à la convaincre d’ouvrir son lieu d’exposition. Elle se met en quête d’un local à Paris, et alors qu’elle passe un appel à son tailleur depuis un bougnat au 36 rue Jacob pour lui demander de lui louer son entre sol, le propriétaire du bougnat l’informe qu’il cède son espace. Elle en parle à Matisse qui lui conseille de vendre un dessin de Maillol pour payer les frais, et lui dit qu’il contactera Auguste Perret - alors occupé à la reconstruction de la ville du Havre - pour aménager la galerie. Il tente de convaincre l’architecte : « Voilà, j'ai un de mes anciens modèles qui va ouvrir une galerie. Je tiens beaucoup à ce qu'elle l'ouvre. Voulez-vous faire les travaux ? C'est un bougnat rue Jacob. - Ah, pas du tout ! Mais enfin, Matisse, vous n'y êtes pas ! Je suis en train de reconstruire Le Havre et Amiens. ». L’artiste réussit malgré tout à convaincre l’architecte, et les longs travaux qui ne s’achèveront qu’en janvier 1947 débutent. La galerie sera située au rez-de-chaussée et au sous-sol, tandis que le tout petit étage de boutiquier, relié à la galerie par une échelle, servira d’appartement à Dina Vierny pendant plusieurs années.
Plan au sol de la galerie Dina Vierny, par Auguste Perret
Dina Vierny dans son appartement au 36 rue Jacob, au-dessus de la galerie, qui est aujourd’hui un bureau.
Affiche de l’exposition « Maillol », 1947
Livret de l’exposition « Maillol », imprimé sur papier Montval, 1947
A l’inauguration de la galerie, qui a lieu le jour de son anniversaire, Dina Vierny présente, dans un décor unique de bois tressé dessiné par Perret, un ensemble important de sculptures, dessins et peintures du maître catalan, dont la liste est inscrite sur un petit livret édité sur du papier Montval – le papier inventé par Maillol. On y trouve des dessins dans la première salle, des peintures dans la deuxième salle, ainsi que des statuettes et des éditions illustrées dans les vitrines de la seconde salle, et des sculptures demi nature et grandeur nature dans la cave.
Le succès est immédiat et l’exposition est fréquentée par les grands noms de l’époque, tel qu’en atteste le livre d’or : Matisse, Picasso, Perret, Dufy, Cassou. Dina Vierny témoigne : « Nous avons fait des expositions formidables. Avec énormément de succès tout de suite. Du jour au lendemain la galerie est devenue célèbre à Paris et le Tout-Paris est venu. J'ai commencé par Maillol évidemment. Dessins, peintures et sculptures. Et puis j'ai exposé les chefs-d'œuvre de Rodin venant de collections particulières. Ensuite j'ai exposé Henri Laurens. Et beaucoup d'autres. ». L’exposition a un tel retentissement qu’outre Atlantique des journaux tels que le New York Herald Tribune lui dédie même des articles.
Dina Vierny dans sa galerie, 1947
Dina Vierny dans sa galerie, 1947
Dina Vierny dans la cave de la galerie, 1947 ; Groupe dessinant la « Pomone » de Maillol, réunis autour d’André Roudil dans la cave de la galerie, 1947 ; Photographie de la cave de la galerie issue d'un article du magazine ELLE, 11 mars 1947
Plusieurs journaux témoignent de l’événement et du sens de la mise en scène de Dina Vierny, Paul Guyot écrit dans France-Soir : « Rue Jacob, au niveau des égouts Perret a joué au bon Dieu pour éclairer Maillol. Et le pape des architectes a construit une boîte de cigares pour enfermer la peinture et la pipe du sculpteur. La cave d'un bougnat. Hier, artistes et critiques y buvaient, pas plus rassurés que ça, car l'étroite crypte creusée sous le 36 de la rue Jacob est plus peuplée de fantômes qu'un film de René Clair. Les fantômes sont blancs. On vient de les débarrasser du drap qui les protégeait pendant le voyage Pyrénées-Paris, Ce sont les statues de Maillol, rassemblées là par Mme Dina Vierny qui fut neuf années durant le modèle et la secrétaire du maître. Et la jeune femme guide ses hôtes autour de ses propres répliques de marbre ou de bronze. Soudain, la cave enchantée s'illumine : d'invisibles tubes à vapeur de mercure chassent définitivement le souvenir du bougnat précédent locataire. Cet éclairage, c'est Auguste Perret, le pape des architectes lui-même, qui l'a machiné. Il a joué comme le bon Dieu avec la lumière et l'ombre pour restituer à l'œuvre du sculpteur, juste au niveau des égouts, un relief que seul donne le vrai soleil. »
On reconnait sur les photos qui nous sont parvenues des œuvres qui sont aujourd’hui dans la collection de la Fondation Dina Vierny – Musée Maillol rue de Grenelle, telles que « Dina à la robe rouge », « Le nu jaune » ou le dessin « Je connais trois fleurs divines ».
Dina Vierny devant sa galerie, 1947
Première salle de la galerie, exposition « Maillol », 1947
Seconde salle de la galerie, exposition « Maillol », 1947
Seconde salle de la galerie, exposition « Maillol », 1947
A l’inauguration de la galerie, qui a lieu le jour de son anniversaire, Dina Vierny présente, dans un décor unique de bois tressé dessiné par Perret, un ensemble important de sculptures, dessins et peintures du maître catalan, dont la liste est inscrite sur un petit livret édité sur du papier Montval – le papier inventé par Maillol. On y trouve des dessins dans la première salle, des peintures dans la deuxième salle, ainsi que des statuettes et des éditions illustrées dans les vitrines de la seconde salle, et des sculptures demi nature et grandeur nature dans la cave.
Le succès est immédiat et l’exposition est fréquentée par les grands noms de l’époque, tel qu’en atteste le livre d’or : Matisse, Picasso, Perret, Dufy, Cassou. Dina Vierny témoigne : « Nous avons fait des expositions formidables. Avec énormément de succès tout de suite. Du jour au lendemain la galerie est devenue célèbre à Paris et le Tout-Paris est venu. J'ai commencé par Maillol évidemment. Dessins, peintures et sculptures. Et puis j'ai exposé les chefs-d'œuvre de Rodin venant de collections particulières. Ensuite j'ai exposé Henri Laurens. Et beaucoup d'autres. ». L’exposition a un tel retentissement qu’outre Atlantique des journaux tels que le New York Herald Tribune lui dédie même des articles.
La galerie Dina Vierny ouvre ses portes le 25 janvier 1947 au 36 rue Jacob, après un an de travaux confiés à Auguste Perret. Dina Vierny, qui voulait notamment une galerie pour valoriser l’œuvre d’Aristide Maillol, lui dédie son exposition inaugurale.
De son vivant, Aristide Maillol souhaite grandement que son dernier modèle Dina Vierny ouvre une galerie. Après son décès en 1944, Jeanne Bucher et Matisse succèdent à Maillol auprès de la jeune femme et réussissent à la convaincre d’ouvrir son lieu d’exposition. Elle se met en quête d’un local à Paris, et alors qu’elle passe un appel à son tailleur depuis un bougnat au 36 rue Jacob pour lui demander de lui louer son entre sol, le propriétaire du bougnat l’informe qu’il cède son espace. Elle en parle à Matisse qui lui conseille de vendre un dessin de Maillol pour payer les frais, et lui dit qu’il contactera Auguste Perret - alors occupé à la reconstruction de la ville du Havre - pour aménager la galerie. Il tente de convaincre l’architecte : « Voilà, j'ai un de mes anciens modèles qui va ouvrir une galerie. Je tiens beaucoup à ce qu'elle l'ouvre. Voulez-vous faire les travaux ? C'est un bougnat rue Jacob. - Ah, pas du tout ! Mais enfin, Matisse, vous n'y êtes pas ! Je suis en train de reconstruire Le Havre et Amiens. ». L’artiste réussit malgré tout à convaincre l’architecte, et les longs travaux qui ne s’achèveront qu’en janvier 1947 débutent. La galerie sera située au rez-de-chaussée et au sous-sol, tandis que le tout petit étage de boutiquier, relié à la galerie par une échelle, servira d’appartement à Dina Vierny pendant plusieurs années.
A l’inauguration de la galerie, qui a lieu le jour de son anniversaire, Dina Vierny présente, dans un décor unique de bois tressé dessiné par Perret, un ensemble important de sculptures, dessins et peintures du maître catalan, dont la liste est inscrite sur un petit livret édité sur du papier Montval – le papier inventé par Maillol. On y trouve des dessins dans la première salle, des peintures dans la deuxième salle, ainsi que des statuettes et des éditions illustrées dans les vitrines de la seconde salle, et des sculptures demi nature et grandeur nature dans la cave.
Le succès est immédiat et l’exposition est fréquentée par les grands noms de l’époque, tel qu’en atteste le livre d’or : Matisse, Picasso, Perret, Dufy, Cassou. Dina Vierny témoigne : « Nous avons fait des expositions formidables. Avec énormément de succès tout de suite. Du jour au lendemain la galerie est devenue célèbre à Paris et le Tout-Paris est venu. J'ai commencé par Maillol évidemment. Dessins, peintures et sculptures. Et puis j'ai exposé les chefs-d'œuvre de Rodin venant de collections particulières. Ensuite j'ai exposé Henri Laurens. Et beaucoup d'autres. ». L’exposition a un tel retentissement qu’outre Atlantique des journaux tels que le New York Herald Tribune lui dédie même des articles.
Dina Vierny dans sa galerie, 1947
Dina Vierny dans sa galerie, 1947
Dina Vierny dans la cave de la galerie, 1947 ; Groupe dessinant la « Pomone » de Maillol, réunis autour d’André Roudil dans la cave de la galerie, 1947 ; Photographie de la cave de la galerie issue d'un article du magazine ELLE, 11 mars 1947
Plusieurs journaux témoignent de l’événement et du sens de la mise en scène de Dina Vierny, Paul Guyot écrit dans France-Soir : « Rue Jacob, au niveau des égouts Perret a joué au bon Dieu pour éclairer Maillol. Et le pape des architectes a construit une boîte de cigares pour enfermer la peinture et la pipe du sculpteur. La cave d'un bougnat. Hier, artistes et critiques y buvaient, pas plus rassurés que ça, car l'étroite crypte creusée sous le 36 de la rue Jacob est plus peuplée de fantômes qu'un film de René Clair. Les fantômes sont blancs. On vient de les débarrasser du drap qui les protégeait pendant le voyage Pyrénées-Paris, Ce sont les statues de Maillol, rassemblées là par Mme Dina Vierny qui fut neuf années durant le modèle et la secrétaire du maître. Et la jeune femme guide ses hôtes autour de ses propres répliques de marbre ou de bronze. Soudain, la cave enchantée s'illumine : d'invisibles tubes à vapeur de mercure chassent définitivement le souvenir du bougnat précédent locataire. Cet éclairage, c'est Auguste Perret, le pape des architectes lui-même, qui l'a machiné. Il a joué comme le bon Dieu avec la lumière et l'ombre pour restituer à l'œuvre du sculpteur, juste au niveau des égouts, un relief que seul donne le vrai soleil. »
On reconnait sur les photos qui nous sont parvenues des œuvres qui sont aujourd’hui dans la collection de la Fondation Dina Vierny – Musée Maillol rue de Grenelle, telles que « Dina à la robe rouge », « Le nu jaune » ou le dessin « Je connais trois fleurs divines ».
Dina Vierny devant sa galerie, 1947
Première salle de la galerie, exposition « Maillol », 1947
Seconde salle de la galerie, exposition « Maillol », 1947
Seconde salle de la galerie, exposition « Maillol », 1947
Galerie Dina Vierny
36 rue Jacob 75006 Paris
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 19h
Galerie Dina Vierny
36 rue Jacob 75006 Paris
Ouvert du mardi au samedi
de 10h à 19h
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